mardi 19 avril 2011

Début du roman "Dans son regard, l'horizon vacillant du large", François Mossmann, Saint-Pargoire, Montpellier


         En approchant de la crique plongée en grande partie dans l'obscurité, l'homme qui m'a accompagnée arrête le moteur, jette l’ancre sans retenir pour l’instant la corde qui se déroule rapidement entre ses mains, laissant à l'embarcation le soin de continuer son chemin doucement, au gré des vagues. Avançant par balancements réguliers, chaque fois transportée d’abord au sommet d'une écume étincelante de mille éclats de lune juste avant de faire pratiquement du sur place dans un creux plus sombre, elle s'immobilise peu après, la proue légèrement enfoncée dans le sol mouillé.
          Après avoir enjambé tant bien que mal mon sac de toile écrue à moitié dissimulé sous l'unique planche qui m'a servi de siège pendant ces deux heures de navigation à longer la côte, je saute à pieds joints dans le sable frais. Avant même que j’aie eu le réflexe de tendre la main pour me saisir de mon bagage, l’homme l’a déjà lancé sur la plage ; sans me regarder, il pousse la barque en marche arrière, grimpe rapidement, tire la corde qui remonte l’ancre, remet le moteur en route, la fait pivoter et s’éloigne. Bientôt le roulement régulier du ressac gomme complètement le ronronnement de la machine.
          Je me demande déjà si j’ai bien fait de venir jusqu’ici.

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